Le Kyūshū en ébullition

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L’île montagneuse du Kyūshū est réputée notamment pour toute l’activité volcanique qui s’y produit et c’est la raison pour laquelle elle s’est retrouvée sur notre itinéraire.

Les thermes d’Unzen

En mettant le pied hors de l’autobus menant au village d’Unzen, la première chose qui se fait sentir, au sens littéral du terme, est la forte odeur de souffre qui envahit les narines. Dans la station thermale montagnarde, on peut se prélasser dans un onsen c’est-à-dire, un bain chaud extérieur utilisant de l’eau de source chaude géothermique où l’expérience se vit entièrement nu, sans même un tatouage. En plus des bains, on peut suivre un circuit serpentant des fumerolles et des petites mares de boue. De loin, c’est impressionnant de voir monter les colonnes de vapeurs dans le ciel mais en allant voir de plus près, la vue des nombreux tuyaux acheminant l’eau aux onsens rend le spectacle un peu moins bucolique. Pour une randonnée, le sentier passant par les monts Myokendake, Kunimidake et Fugendake (1359 m) est magnifique et plus particulièrement, la vue sur Heisei Shinzan (1486 m). Ce dernier est un dôme de lave ayant émergé à la suite de l’activité volcanique dans cette zone en novembre 1990 et qui a duré 5 ans. En conséquence, Heisei Shinzan a surpassé par plus de 100 mètres Fugendake qui était jusqu’alors le plus haut sommet du massif volcanique de Unzen.

La terre a tremblé à Kumamoto

Les guides touristiques décrivent le Château de Kumamoto comme étant l’un des plus beaux de tout le Japon, l’emblème qui fait rayonner la ville et qui fait la fierté de ses habitants. Réputé imprenable depuis plus de 400 ans, il avait su résister aux guerres et au temps jusqu’en avril 2016 où deux puissants séismes ont secoué cette région du globe. La tragédie a fait 50 victimes, plus d’un millier de blessés et détruit des milliers de bâtiments et les multiples répliques ont provoqué plusieurs glissements de terrain. Le fabuleux château n’a donc pas été épargné et nous avons pu constater l’étendue des dégâts. On estime qu’il faudra plus de 20 ans de travaux majeurs avant qu’il retrouve toute sa splendeur.

Le volcan Aso

Une bonne façon de visiter les environs du Mont Aso, volcan très actif dans le centre du Kyūshū, est de le faire en voiture. Alors allons-y au volant d’une Suzuki Alto et renouons avec la conduite à gauche!

De Kumamoto, on doit prendre un chemin alternatif car plusieurs tronçons de route ont été endommagés voire carrément détruits par les tremblements de terre de l’année dernière. Et en raison des émanations gazeuses sulfurėes, on ne peut approcher le volcan à moins d’un kilomètre. Donc la grosse journée de randonnée initialement au programme s’est transformée en balade en voiture autour du Mont Aso suivie des courtes ascensions de Eboshidake (1337 m) et Kijimadake (1270 m) offrant de splendides vues du cratère.

Les sables chauds d’Ibusuki

Ibusuki est une station thermale au bord de l’océan connue pour ses bains de sable. L’expérience consiste à revêtir un yukata avant de se faire ensevelir de sable naturellement chauffé par des eaux volcaniques sous-terraines. C’est fascinant de voir à quel point quelques pelletées de sable peuvent être lourdes et oppressantes.

La presqu’île volcanique de Sakurajima

La presqu’île de Sakurajima est accessible en quelques minutes par traversier depuis Kagoshima, notre ville coup de coeur dans le Kyūshū : ambiance animée, bons et beaux restaurants, petites rues où il est agréable de flâner, belle vue sur Sakurajima, etc.. Lorsque les gens de la ville sortent leur parapluie, ce n’est ni pour se protéger de la pluie ni du soleil mais bien pour éviter les fines particules de cendre volcanique. Il paraît même qu’une portion du bulletin météo est consacrée aux « prévisions de cendre » mais nous n’avons pas vérifié, notre vocabulaire en japonais étant limité à quelques mots seulement.

Depuis 1955, le volcan Sakurajima (1117 m) expulse de la fumée et de la cendre de façon régulière et constitue une menace constante pour les milliers d’habitants qui vivent à proximité. Après avoir dormi pendant un siècle, la puissante éruption Taisho en 1914 a fait passer l’île à une presqu’île alors qu’une coulée de lave a relié l’île à la péninsule Osumi. En montant à l’observatoire Yunohira (373 m) qui permet d’épier le monstre de plus près, nous sentions des odeurs de gaz toxiques qui émanait du volcan. Ça ne doit pas être trop bon pour la santé.

Les monts Kirishima

Les Monts Kirishima forment une chaîne de montagnes d’origine volcanique où l’on retrouve des montagnes (!), des volcans (!), des lacs volcaniques, des sources d’eau chaude et un beau sentier de randonnée pour admirer tout ça. Nous n’avons pas effectué la traverse de tous les sommets car des sections de sentier étaient fermés en raison du degré élevé d’activité volcanique. Déjà vu? Et malgré les maux de tête causés par les contraintes logistique liées à l’organisation des transports, ça valait le coup car la journée a été magnifique et les paysages sublimes. L’endroit où nous avons eu la vue la plus spectaculaire était au sommet de Karakunidake (1700 m) d’où nous pouvions admirer les divers volcans tout autour.

Yufudake et Yufuin

Volcan bien endormi dans le nord-est du Kyūshū, Yufudake (1584 m) domine le village touristique de Yufuin qui lui est réputé pour son grand nombre de onsens (sources thermales). Du sommet de Yufudake, on peut apercevoir la ville de Beppu ainsi que les contours du Mont Aso. À la fin de la descente menant à Yufuin, quelle surprise ça a été de voir les rues envahies par une horde de touristes allant d’une boutique à l’autre. En voyant cette affluence de visiteurs, ça nous a presque enlevé l’envie d’aller faire saucette dans un onsen pensant que ce serait tout aussi bondé. Mais heureusement que nous n’avons pas abandonné l’idée car arrivés sur place, il n’y avait pas âme qui vive dans les bains, autant du côté des hommes que du côté des femmes. Faut croire que cette activité n’est pas au programme des tours organisés.

Les Enfers de Beppu

Nous étions surexcités à l’idée de visiter les jigokus de Beppu (littéralement enfers), ces sept sites géologiques où les sources d’eau chaude produisent des phénomènes volcaniques hors de l’ordinaire. Dans cette ville qui possède le statut de « ville la plus géothermique du monde », nos attentes étaient à leur maximum. Par un matin pluvieux, avec en main notre billet permettant de visiter sept enfers, nous arrivons au site où un geyser jaillit toutes les 35 minutes. Ce fut notre première déception : un jet d’eau coincé d’un côté par un amphithéâtre pour observer le geyser avec de l’autre, la grosse boutique de souvenirs. Et ce n’est pas tout, on a ajouté une dalle de béton au-dessus du geyser l’empêchant ainsi de propulser son jet dans toute sa grandeur, sans oublier l’affreux panneau explicatif juste à côté. Ce pauvre geyser est le site naturel le plus dénaturé qu’on ait vu de toute notre existence! Rien de moins! Et notre déception n’a fait que s’accentuer à la vue des autres jigokus, des sites naturels défigurés. On est loin des systèmes géothermiques antérieurement visités en Nouvelle-Zélande qui nous avaient tant émerveillés. Et pour terminer la journée, nous décidons d’aller dans un onsen avant d’aller souper. Dans le vestiaire, plusieurs douches sont alignées et j’ai pris par inadvertance une place initialement occupée par une dame mais qui était à ce moment dans les bains. À l’instant où je prends le pommeau de douche, la bonne femme me flanque une bonne claque dans le dos accompagné d’un air méchant. Heureusement qu’elle fait figure d’exception dans nos rencontres japonnaises.

Ceci complète notre séjour dans le Kyūshū. Cette région du sud japonais beaucoup moins visitée nous a fait voir des paysages sublimes et certaines villes agréables. Ça constitue une entrée en douceur au Japon et nous pouvons maintenant poursuivre sur le circuit traditionnel où nous risquons fort de nous fondre dans la masse de touristes.


Commentaires

8 réponses à “Le Kyūshū en ébullition”

  1. […] Faire de la randonnée dans la nature de l’Hokkaido et du Kyushu. […]

  2. Christian

    Excellent topo.
    Je peux sentir à distance. D’ailleurs, j’ai deux t-shirts qui ne se sont toujours pas remis de l’expérience sulfureuse de Sicile.
    Les décors volcaniques sont vraiment particuliers. Dommage, qu’au nom du tourisme, on ait dénaturé Beppu.

    En passant, les boulettes dans le champ à Aso, c’est quoi? Des roches-projectiles volcaniques?

    1. Sandra

      Les boulettes comme tu dis, ce sont des têtes d’arbustes et Simon trouvait ça bien beau!

      1. Christian O.

        Me voila bien confus. Et gêné. 😉

  3. Jean-François

    Wow! De belles photos ! J’ai une question : quel est le bénéfice attendu de l’enveloppement de sable?

    1. Sandra

      Il paraît qu’après 10 minutes, on est débarrassé de toutes nos impuretés. Nous avons attendu 20 minutes, juste pour être vraiment certains 😆

      1. MIchel P

        J’en aurais bien pour 2-3 heures

        1. Sandra

          😂😂😂

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