Nous voilà arrivés à
Varanasi, anciennement appelée Bénarès, lieu sacré pour les hindous, considérée comme «
l’une des villes les plus anciennement habitée du monde« . On y vient pour se purifier, se laver de tous les péchés. Les gens viennent également y mourir pour ainsi mettre fin au cycle des réincarnations et atteindre le nirvana. Impossible de trouver un qualificatif pour décrire cette ville qui compte 1,4 millions d’habitants. J’ai lu à quelque part que «
quelqu’un n’ayant pas vu Varanasi n’a pas vu l’Inde« . Il y a du vrai là-dedans. Elle ne laisse personne indifférent.
Nos activités quotidiennes consistent essentiellement à relaxer sur la terrasse de l’hôtel, se balader pour se perdre dans le dédale des ruelles étroites, les
galis, ou encore observer tout ce qui se passe sur les
ghats, ces marches de béton menant au Gange. Le Gange, ce fleuve le plus sacré pour les hindous est également un cours d’eau dont la concentration de coliformes fécaux est de 1,5 millions d’unités par décilitre alors que la limite autorisée en est de 500!
Au
ghat Manikarnika, aux allures de dépotoir à ciel ouvert selon nos standards, se déroulent plus d’une centaine de crémations chaque jour. Sur les côtés, une dizaine de corps cordés sur des brancards de bambou sont en attente de crémation. En ce lundi après-midi, une grosse embarcation sur le Gange transportant le corps d’une vieille dame accompagnée de sa famille accoste sur le
ghat. La défunte, dont le visage est découvert, est étendue sur un lit de bambou et recouverte de milliers de fleurs couleur safran. On jette à l’eau ces fleurs et la canne qui devait sans doute lui appartenir avant d’immerger son corps dans le Gange pour une ultime purification. Pendant ce temps, des
Doms s’affairent à peser le bois avec précision et à former un bûcher : plus la famille est fortunée, plus le bois est de qualité et plus grande est la quantité. Il arrive que des familles n’aient pas les moyens de se payer du bois en quantité suffisante pour la crémation totale du défunt. Dans ce cas, on balance les restes du cadavre à l’eau à peine brûlé. C’est une image assez troublante que de voir dériver des corps sur le fleuve. Par la suite, on dépose le corps sur cette pile de bois soigneusement disposée et débute ensuite la crémation qui dure environ 3 heures. Chez nous, on sert de petits sandwichs après les funérailles. Ici, on sort les 2 litres de Pepsi et de 7up et on célèbre!
Hormis les crémations, c’est stupéfiant de voir tout ce qui se passe sur les ghats. Les gens y viennent pour :
- Se laver
- Se purifier
- Laver son sari
- Savonner une chèvre
- Faire des offrandes
- Prier
- Faire du yoga
- S’offrir un massage ayurvedic
- Assister à une cérémonie religieuse
- Lancer des déchets dans le Gange (de gros sacs à ordures!)
- Se faire couper les cheveux
- Boire un petit chai masala
- Vendre/acheter des bijoux
- Offrir des tours de bateaux
- S’immerger sans arrêt dans le Gange, sas en main, à la recherche du moindre trésor, à la manière des chercheurs de la Ruée vers l’or!
- Prendre son bain avec une vache
- Tenter de prendre une bouffée d’air car avec toute cette fumée, la respiration peut s’avérer difficile
- Prendre garde de ne pas mettre le pied dans de la merde de vache ou de chèvre
- Flâner, tout simplement!
Varanasi, c’est vraiment un monde à part! La spiritualité incite les gens qui y viennent à adopter des comportements qui défient toutes les règles visant la salubrité. Hors de l’entendement…
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