Voici le récit de la conquête du Huayna Potosi, une montagne culminant à 6088 mètres d’altitude située au nord de La Paz. Nous avons accompli cette ascension en l’excellente compagnie de Mikaël (France), Rubén (Espagne) et de deux guides Lorenzo (Bolivie) et Mario (Bolivie).
Simon
23h59, la sonnerie de ma montre retentit dans le sommaire refuge juché à 5300 mètres. Malgré un manque de sommeil, je me sens reposé. Je craignais fortement les maux de tête cependant il semble que tout va bien. Je suis donc très confiant, tout me paraît mieux qu’au Cotopaxi il y a deux ans.
SanSim
On profite des dernières minutes de chaleur de nos sacs de couchage. On s’habille. Pipi. On s’enfile quelques biscuits, un bout de pain, un mate de coca. Pipi encore. On passe le beaudrier suivi des bottes. On s’assure que notre lampe frontale fonctionne toujours. On sort et on admire le ciel étoilé. On chausse les crampons. On jette un petit coup d’oeil derrière nous et on distingue de petites lumières scintillant dans la nuit : un autre groupe vient de quitter un refuge à 100 mètres plus bas.
Sandra
La première cordée est composée dans l’ordre de Lorenzo, Sandra et Simon. Dans la seconde, on y retrouve Mario, Mikaël et Rubén. La cordée numéro 1 passe devant, le rythme à suivre étant celui de la personne la plus lente, en l’occurence, moi!
1h15 du matin, le départ est donné! C’est avec nervosité que j’ose mes premiers pas sur le glacier, nervosité car quelques années auparavant, j’ai trouvé difficile l’ascension du Pico de Orizaba (Mexique) de même que celle du Cotopaxi (Équateur). Aujourd’hui, la conjoncture est beaucoup meilleure car je ne suis pas malade et je suis beaucoup mieux acclimatée à l’altitude. Je n’ai donc aucune raison de me faire du mauvais sang.
Nous avançons ainsi, pas à pas, dans le noir, le souffle court. Mikaël estime que la vitesse est adéquate mais pour ma part, notre rythme de croisière est déjà trop rapide et les étourdissements commencent à se faire sentir. Arrivés au camp Argentino à 5500 mètres, on remanie la configuration des équipes : les trois gars partent avec Lorenzo et de mon côté, je poursuis mon chemin avec Mario. Quel soulagement! C’est comme si on venait de me libérer d’un énorme fardeau. Je dois ajouter que Mario est un excellent guide, calme et attentif. Il synchronise son pas au mien et nous avançons en harmonie à la lueur de nos lampes frontales. Dès ce moment, j’ai la conviction que j’atteindrai le sommet.
Simon
À mi-parcours, nous devons gravir une pente inclinée d’environ 45º sur 200 mètres de dénivellation. Je me dis qu’un des avantages de grimper la nuit est qu’on n’aperçoit pas le précipice qui se trouve tout près de nous.
Sandra
La devise : Lentement mais sûrement. Tiens! Les gars font une pause. Je les rejoins. On boit et on continue. Quelques crevasses jalonnent la montée mais rien de dangeureux.
Simon
Je regarde fréquemment le GPS. 5895 mètres, nous voilà à la même hauteur que le Killimanjaro. 5897 mètres, on vient de dépasser la hauteur du Cotopaxi, notre plus haut sommet à ce jour. J’ai toujours la forme. Le jour se lève. San et Mario nous suivent de très près, c’est bon signe. 6000 mètres, Lorenzo affirme que 100% des personnes se rendant à ce point atteignent le sommet.
Sandra
Mais ce n’est pas terminé. Il nous faut escalader un escarpement dans un mélange de glace et de pierres. C’est difficile de cheminer avec les crampons sur ce terrain voire même dangeureux car je suis juste derrière les gars et la dernière chose dont j’ai envie c’est d’avaler une roche! Tout se passe bien. On continue. Un dernier petit effort! La grimpette finale nous donne du fil à retordre. Un dernier petit coup de piolet et ça y est : 6088 mètres (6105 mètres indique le GPS de Simon). Nous avons réussi, nous avons les deux pieds au pinacle du Huayna Potosí!!!
SanSim
A 6h00 du matin, nous posons fièrement afin d’immortaliser ce moment. Le plaisir est toutefois de courte durée car le vent et le froid nous envahissent. De surcroît, la visibilité est faible en raison de la présence d’un épais brouillard. On ne peut pas toujours avoir le beurre et l’argent du beurre!
Sur le retour, on rencontre les profondes crevasses que nous avons enjambées au cours de la nuit. Il y en a une en particulier qui est recouverte d’un pont de glace dont la partie centrale est absente.
Nos deux guides sont en admiration devant notre belle affiche dont le mérite revient plus spécialement à Mikaël. De notre côté, nous avions de la difficulté à reproduire les fleurs de lys sur le drapeau du Québec. L’oeuvre se trouve maintenant au-dessus de la cheminée du refuge Huayna Potosí. Demi, la cuisinière, doit y veiller!
Pour conclure, nous avons vécu une belle aventure au Huayna Potosí. C’est un accomplissement dont nous sommes tous les deux extrêmement fiers. L’ascension d’un tel géant ou plus encore, l’atteinte d’un objectif quel qu’il soit, constitue une expérience des plus gratifiante et contribue à nous rendre plus confiants.
On vous laisse sur ces quelques photos prises au Vieux glacier, la veille de l’ascension.
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