Accueillant chaque année 14 000 visiteurs, Milford Track est assurément la randonnée la plus réputée des neuf Great Walks de Nouvelle-Zélande. Tout comme l’Overland Track (Tasmanie, Australie) et Kepler Track LIEN (autre Great Walk en Nouvelle-Zélande), on la voit couramment dans le top 10 des randonnées de rêve au monde. Tracée il y a 125 ans, elle revêt un caractère historique car il est facile d’imaginer le défi que cela représentait à l’époque de trouver un passage dans cette nature accidentée. Milford Sound, le fjord où se termine le tramp, reçoit annuellement 6 749 mm de pluie et a une moyenne d’ensoleillement quotidien de 4,9 heures. En comparaison avec Montréal (979 mm / 5,6 heures), vaut mieux avoir son meilleur porte-bonheur avec soi!
N’ayant pas à transporter tente, matelas de sol et réchaud, nous ne lésinons pas cette fois-ci sur la nourriture :
- Déjeuner : Muesli et yogourt, chocolat chaud, café et tisane.
- En rando : GORP (noix, fruits séchés et Pebbles/M&M).
- Dîner : Tortillas au thon et fromage.
- Fin d’après-midi : Soupe instantanée, Camembert, craquelins et fruits séchés.
- Souper : Pâtes en sachet et pois déshydratés (accompagnés de champignons sautés, saucisson ou poulet teriyaki), Merlot, chocolat Dairy Milk (forêt noir et énergétique).
Jour 1 : Te Anau Downs (220 m) – Clinton Hut (225 m)
- 35 km de bateau en 1 h 00
- 5 km de marche, en 1 h 15
- Ciel variable
- Coucher en refuge
Notre parcours débute en douceur par une croisière sur le Lac Te Anau au cœur du Fjordland. Le commandant prend la parole et nous incite à lier connaissance avec nos camarades et d’emblée, les gens suivent son conseil. Au fil de notre voyage, souvent nous constatons avec étonnement qu’un grand nombre de gens ignorent qu’il y a des francophones vivant au Canada. Ou encore d’autres le savent mais croient qu’on communique en anglais dans les lieux publics. Nous en profitons pour faire de l’enseignement au passage : « We speak French but we are not French and some people don’t speak English at all. » Et voilà, la glace est cassée avec les randonneurs avec qui nous partagerons dortoirs, ronflements et odeurs pour les quatre prochains jours.
C’est de Glade Wharf que débute notre très courte journée de marche. Nos sacs sont relativement légers faisant 12 kg et 19 kg. Nous traversons une forêt dense de mousse et de fougères longeant une rivière offrant quelques vues sur des falaises de plus de mille mètres. À Clinton Hut, l’ambiance est excellente, meilleure que sur Kepler Track. Nous faisons la connaissance de Sylvain, un Français ayant un CV de randonnée similaire au nôtre. Nous passons la fin de l’après-midi à échanger avec lui et de sympathiques Néo-Zélandais autour d’une partie de Uno. Ça débute bien!
Jour 2 : Clinton Hut (225 m) – Mintaro Hut (600 m)
- 16,5 km en 4 h 35
- 10 km (aller-retour Mackinnon Pass) en 3 h
- Nuageux le matin, ensoleillé en après-midi
- Coucher en refuge
À 8 h 40, nous quittons la Clinton Hut sous un ciel nuageux. Nous progressons au même rythme que le ciel se dégage. Arrivés à Mintaro Hut, le soleil brille alors de tous ses éclats. Comme les prévisions météorologiques annoncent un temps couvert pour le lendemain, Simon émet l’idée de faire l’aller-retour jusqu’à Mackinnon Pass (1 154 m), prévue le jour suivant. Que faire? Suivre Simon et se rendre à Mackinnon Pass par beau temps et ajouter 10 km au compteur ou bien y passer le lendemain comme prévu à l’itinéraire et risquer de ne rien voir du paysage le plus spectaculaire du parcours? Nous optons pour la première alternative. Il faut voir la tête d’un randonneur exténué lorsque nous lui annonçons que nous faisons l’aller-retour à Mackinnon Pass : « Mais ils sont cinglés! », avait-il l’air de penser. Nous partons par ce soleil radieux et en route, nous croisons la ranger du parc qui nous confirme que nous avons pris la bonne décision. Là-haut, la vue est splendide et vertigineuse surtout : d’un côté s’étend Clinton Valley, la vallée d’où nous venons et de l’autre, Arthur Valley, celle où nous irons demain. En prime, un weka bien peu farouche se met en travers de notre chemin et fait aimablement la pose pour nous. De retour au refuge, des keas (perroquets de montagne) s’amusent sur le toit. De nature curieuse, ils sont habiles à subtiliser chaussettes, chandails et autres articles de randonneurs laissés à leur portée. Comme tous les soirs sur les Great Walks, le ranger du refuge fait un point d’une quinzaine de minutes avec beaucoup d’humour en général. Jen semble très drôle même si nous ne pigeons pas vraiment ses blagues!
Jour 3 : Mintaro Hut (600 m) – Dumpling Hut (150 m)
- 14 km en 6 h (dont 2 h 30 au refuge)
- 4 km (aller-retour chute) en 1 h
- Nuageux et partiellement dégagé
- Coucher en refuge.
Dès 7 h, le dortoir sort de sa léthargie. Nous procédons au rituel du matin avec lenteur et étrangement, nous sommes les derniers à quitter le refuge. Les gens sur la piste compétitionnent avec les nuages à savoir qui seront les premiers à atteindre Mackinnon Pass. Malheureusement, les nuages ont raison de leurs adversaires et nous avons droit à un gros bol d’humidité. Dans un petit abri situé au col, nous attendons en vain que le ciel se dégage mais après 2 h 30 d’attente, nous devons nous résoudre à poursuivre, heureux d’avoir prolongé notre randonnée d’hier. Une longue descente peu escarpée nous permet de retrouver le soleil. La chute de Sutherland, la plus haute de Nouvelle-Zélande avec ses 650 mètres de hauteur, est superbe. C’est là qu’un endémique hyménolaime bleu (whio ou blue duck, pas évidents les noms d’oiseaux en français!), en danger d’extinction s’est laissé observer quelques instants. La journée s’achève sur une autre partie de cartes avec Kate, Karen, Bryan, Malcom et Sylvain.
Jour 4 : Dumpling Hut (150 m) – Sandfly Point (0 m)
- 18 km en 4 h 30
- 20 minutes de bateau
- 1 h 30 d’autobus de Milford Sound à Te Anau Downs
- Nuageux puis ensoleillé
- Coucher en Kakapo!
En cette dernière journée, nous cheminons sur un parcours très plat. Nous nous arrêtons quelques minutes pour avaler un sandwich, le temps de faire plus ample connaissance avec les sandflies. Ce sont des mouches noires très voraces qui attaquent par centaines lorsqu’on s’arrête. Une lotion anti-moustiques à très forte concentration en DEET ne parvient même pas à les tenir à distance. Milford Track prend fin officiellement au mille 33,5 (53,5 km), à Sandfly Point d’où nous prenons place sur un petit bateau nous transportant sur le Milford Sound, un fjord du sud-ouest. Heureux de reposer nos épaules endolories, nous admirons les parois rocheuses nous entourant. Sur la panoramique Milford Road, un autobus nous ramène à Te Anau Downs où Kakapo, notre campervan dévoreur de kilomètres, nous attend avec le sourire fendu jusqu’aux rétroviseurs!
Conclusion
Milford Track est un sentier historique situé au creux de vallées glaciaires aux parois de roc envahissantes. C’est donc cette exceptionnelle mise en scène qui nous enveloppait à tout instant. Le groupe de randonneurs ayant pris le départ le même jour que nous était majoritairement composé de Néo-Zélandais. Tout le monde était d’une extrême gentillesse et nous nous sommes aisément intégrés aux Kiwis. Bref, nous conserverons un très bon souvenir de ces quelques jours. Ça valait le coup de réserver plus de 8 mois à l’avance!
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